Diversification alimentaire du nouveau-né
Période de vie des plus complexes et des plus importantes.
Moment où le nouveau-né à besoin de protection.
Cristallisation de tant d’angoisses et de croyances extérieures.
Le nouveau-venu n’arrive cependant pas sans rien : il a amené dans ses bagages un instinct de survie très fort, qui va le guider pendant un bon moment ! Il est, à priori, pur de tous formatages et préjugés : pour lui, tout sera découverte et deviendra le ‘normal’. Il s'imprégnera de son environnement comme une véritable éponge, intégrant tout ce qui se passera autour de lui, consciemment ou non.
QUAND ?
Nous traversons une période où ce qui était ‘bon à faire’ est remis en question. L’observation et la réflexion de ce qui nous entoure amènent de nouveaux éléments d’évolution. Concernant l'accompagnement des bébés, lâcher le contrôle sur le savoir théorique, laisser faire l’instinct, écouter ce dont il a besoin, peut amener de nouvelles façons de faire.
C’est entre autres ce que propose la fameuse DME (Diversification Menée par l’Enfant), ainsi que toutes les ‘nouvelles’ méthodes d’éducation (ou de non-éducation, le peau-à-peau, co-dodo, l’hygiène naturelle infantile, etc…)
En étant à l’écoute de l’enfant, sans à priori, les référents peuvent se laisser guider par lui. La bonne santé de celui-ci permettra d’être le garant de son bien-être, et un retour à une certaine décontraction (au-revoir l’horloge nous ordonnant quand, quoi et comment faire). Le moment du sevrage ne fait pas exception à la règle : le bon moment pour introduire les aliments est quand le bébé est prêt et qu’il le montre. Comment ?
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Il semble intéressé par ce qu’il se passe à table. Il a envie de saisir les aliments, de les amener à sa bouche. (on peut lui donner une petite cuillère…)
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Il peut se tenir assis et il contrôle les muscles de son cou.
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La présence de dents qui commencent à pointer est aussi un signe qu’il est prêt à recevoir et gérer les aliments solides.
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L’OMS propose de commencer la diversification alimentaire à partir de 6 mois.
En l’absence de ces indications, pourquoi vouloir lui donner autre chose que le lait maternel ?
POURQUOI Y ALLER PROGRESSIVEMENT?
Le fait d’attendre va permettre au système digestif de maturer (cellules de la paroi digestive, flore intestinale, système immunitaire)
Le bébé doit être capable de passer de la succion à la mastication ; tant au niveau morphologique (réflexes et muscles différents), que psychologique.
Comment introduire les aliments ? le microbiote intestinal (aussi appelé flore intestinale ou pro-biotique ) est composé d'une population de 100 000 milliards de bactéries, virus et champignons (un nombre supérieur à la totalité de nos cellules) aidant le système digestif dans son activité.
Penser 'adaptation de la flore' est un bon guide de réflexion. Le microbiote est donné à la naissance par la mère. Lors d’un accouchement par voie basse, le bébé aspire la flore vaginale de sa mère. C’est un facteur à prendre en compte en cas de césarienne car le tube digestif du nouveau-né ne sera pas ensemencé par une flore. En effet, intra-utéro, le fœtus est stérile de toute bactérie.
Au début, le microbiote sera adapté pour le lait maternel. Puis, à chaque nouvel aliment, il évoluera, aidant le tube digestif à digérer les aliments. On compte une semaine d'adaptation pour que la flore s'adapte à un changement alimentaire
L’ensemble de la flore a besoin de temps pour évoluer : Au bout d'une semaine, la flore s'est adaptée à une évolution de l'alimentation. Ainsi, l’introduction de nouvel aliment doit être progressive afin de ne pas fatiguer la digestion du bébé.
Elle se fera parallèlement à la découverte des nouveaux goûts, saveurs, textures, ainsi qu’au développement de la motricité et de la coordination liées à l’acte de se nourrir (mastication et action d’amener correctement la main à la bouche).
C'est pourquoi, au début, on peut laisser le bébé sucer un quartier de pomme, de carotte… cela lui permettra de s’auto-masser les gencives si elles sont douloureuses et d'aspirer le jus de l'aliment. Puis de lui donner des petites cuillères de ce qui se trouve dans notre assiette ou sur la table.
COMMENT, QUELS ALIMENTS ?
Afin de laisser l’instinct parler, les aliments devront être le plus vrais possible :
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Savoureux (donc sans traitement chimique : du jardin ou du marché, ‘bio’)
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Frais
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Le plus crus possible : cuisson à basse température (inférieur à 90°), lentement, sans micro-onde (dénaturant la structure moléculaire de l’aliment, ;le rendant très compliqué à digérer), ni cocotte-minute.
Le cru n’est pas conseillé d’emblée si la force interne et digestive de l’individu n’est pas excellente. Toutefois, en introduire un peu sous forme de jus (dilué avec de l’eau) ou de purée est intéressant pour l’apport en vitamine et en enzyme. Généralement, toute cette période de sevrage est parallèle à un allaitement maternel. Celui-ci continuera de lui apporter tous ce dont le bébé a besoin.
Si le bébé n’est pas nourri par allaitement maternel, il est par contre très indiqué de lui donner des légumes sous forme de jus dilué (1/2 jus de carotte, ½ eau), et de compote cuit-cru dès le début.
L'aliment de base de notre latitude est la carotte. Sauf en cas de difficulté, c’est le premier aliment à donner. On peut le mélanger avec bonheur avec du fenouil (action sur l’estomac).
Puis viennent les autres légumes de saison (regarder ce qu’il y a chez votre producteur local en saison… celui qui n’a pas de fraise en hiver !)
Ensuite, betterave, fenouil, navet, radis noir, haricot vert, courgette, persil, etc…
Poireaux, choux et tomates peuvent être compliqués à digérer et sont donc à introduire doucement.
La pomme de terre n’est pas un légume mais un féculent. On évite de la donner rapidement.
Les courges sont très intéressantes, MAIS elles doivent être parfaites (un point de pourri va envoyer des filaments contaminés dans tout le légume.
La pomme est notre fruit local, présent pratiquement en toute saison.
Ensuite on peut penser au raisin, kiwi. Puis la poire, fraise, cerise… La banane.
Éviter les agrumes en première intention. Ils sont facilement acides et rarement assez murs. A donner par la suite en petite quantité.
Les acides gras sont indispensables au développement nerveux, immunitaire, hormonal du nouveau-né. Très importants dans le lait maternel, il faudra les ajouter dès que l’alimentation prendra le pas sur l’allaitement.
On peut donc rajouter des huiles de 1ère pression à froid (de une ½ cuillère à café jusqu’à 1cuillère à café.) Et tout ce qui est oléagineux (noisette, amande, noix, graine de courge…). Comme pour les adultes, bien les faire tremper avant. Puis les réduire en poudre ou en purée. A mélanger à ses purées.
Après 2 ou 3 mois après l’introduction des légumes et fruits, on peut commencer à présenter les féculents et légumineuses (comme pour les adultes, les faire tremper avant de les cuire)
Féculent : Sarrasin, riz, millet, quinoa, maïs, avoine (en flocon), orge...
Éviter au maximum le blé (trop transformé, et dont le gluten est irritant)
Légumineuse : lentille corail, lentille verte, pois chiche pois cassé, hazuki, flageolet... A introduire très progressivement pour que la flore s’adapte.
Puis plus tard (vers 10 mois), les protéines animales peuvent être découvertes, pour ceux qui le souhaitent.
L’œuf est bien toléré. On peut le proposer assez rapidement (dès le 9ème mois).
Donner la moitié d'un œuf à la coque (avec blanc et jaune mollet)
Certains préfèrent ne donner que le jaune (cru ou coque). A tester pour voir ce qui lui convient le mieux : cela dépendra de sa capacité digestive et de ses besoins.
Dans tout les cas, ne pas en donner au même repas que les céréales et légumineuses.
Éviter tout ce qui est charcuterie et fruit de mer dont la toxicité est importante.
Il faut au maximum éviter tous les toxiques. Il les découvrira bien assez tôt. Le moins il y aura été habitué, le mieux il s’en portera…
Souvent, c’est l’entourage ou les parents qui s’adoucissent la vie et le moral avec les ‘douceurs’; C'est une projection de leurs désirs et envies sur le nouveau-né. Tout ceci n’est absolument pas nécessaire pour son développement physique et émotionnel. Attention à nos habitudes non constructives…
Donc, éviter:
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les sucres transformés (gâteau, jus sucré, sirop, dessert transformé)
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laitage
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gluten
Je trouve ce planning d'introduction alimentaire relativement cohérent : http://www.diversificationalimentaire.com/schema-dintroduction/
Pour explorer le sujet : http://regenere.org/videos-articles/prenons-soin-des-enfants_60.html
Diversification menée par l’enfant DME : http://www.diversificationalimentaire.com/introduction/
Un texte intéressant du Professeur LANGHENDRIES
"Au vu des connaissances actuelles, il est cependant possible de faire des recommandations pour améliorer la colonisation bactérienne du nourrisson, afin de favoriser la mise en place d’une réponse immunitaire de bonne qualité :
1.) Privilégier au maximum la naissance par voie basse, qui est le meilleur moyen d’avoir une colonisation bactérienne adéquate. L’épidémie de césariennes dans les pays développés ne peut en aucun cas être considérée comme un indice de l’amélioration de la médecine périnatale.
2.) Allaiter exclusivement, et ce pendant au moins les 6 premiers mois. Il convient d'éviter autant que possible l'allaitement mixte et les compléments : l'allaitement favorise une maturation progressive de la muqueuse intestinale et du système immunitaire.
3.) Éviter autant que possible les antibiothérapies qui ne sont pas réellement justifiées chez les nourrissons. Si une antibiothérapie est indispensable, il faudrait utiliser un produit ayant le spectre d'action le plus étroit possible.
4.) La diversification alimentaire ne débutera pas avant 6 mois, et elle sera lente et progressive."